mercredi 15 octobre 2008

Pétaloup (3)

Passées les années d'après-guerre, il me faut attendre 1958 pour retrouver d'autres souvenirs de Pétaloup que ceux évoqués ici. C'était l'année de mon bac, et nous avions décidé avec un voisin à la Croix Rousse à Lyon d'aller y préparer l'examen. Nous y avons passé une dizaine de jours studieux de révisions entrecoupées de balades vers le village pour les commissions.

On y trouvait encore ce pain de seigle rond à la croûte noire et épaisse, il restait frais plusieurs jours. Nous allions aussi à La Chapelle voir mon cousin Claudius - que l'on prononçait Glaudius avec un G - et mon copain Pierre s'amusait à lui raconter des histoires salaces.

Par la suite, étant à l'Ecole des Mines à Saint Etienne, j'avais emprunté la clef de Pétaloup à mon oncle Pierre et j'y étais remonté avec une fiancée de l'époque. C'était une journée froide et humide, nous avions dû marcher sur le chemin trop boueux pour ma 2CV de l'époque. Et un bon feu en arrivant avait été le bienvenu.

C'était en 1961, et ce n'est qu'en 67 que j'y suis revenu avec ma future femme à qui je voulais montrer le berceau des Courbon. L'examen de passage ne fut pas gagné d'avance !
Nous sommes passés voir mes cousins Barrière à La Chapelle. Le Glaudius évoqué ci-dessus dont le bac de lièvre rendait la diction encore plus laborieuse. Nous sommes aussi allés voir son frère Jean, qui était marié et père d'une fillette nouvelle-née. Je me souviens des chiens aboyant après nous malgré les cris de rappel des cousins, des cochons et des poules alentour, de cette maison au sol en terre battue, du fusil accroché au revers de la porte d'entrée, de ce vin de l'Ardèche violacé que nous bûmes.
Bien des années plus tard parut dans "L'Espoir", le journal local, un article intitulé "Le miraculé de La Chapelle". Il y était question d'un homme qui était au bénéfice d'une pension d'invalidité car, le dos cassé, il ne se déplaçait que difficilement, plié en deux. Et voilà-t'il pas qu'il venait de retrouver toute sa mobilité et qu'il se déplaçait maintenant sans aucune difficulté. Et le journal d'évoquer, ironiquement, une coïncidence avec l'âge de la retraite qu'il venait d'atteindre ! Je ne sais lequel de mes deux cousins n'a même pas eu besoin d'aller à Lourdes pour recouvrer la santé...

Un autre saut dans le temps et nous voilà dans les années 90. Nous avions alors logé au Château de Bobigneux, une chambre d'hôtes que je ne peux que recommander[1]. Nous avions trouvé de magnifiques bolets autour de la maison, nous les avons ramenés dans notre chambre, nettoyés, coupés et nous avons commencé à les faire sécher. Par acquis de conscience, j'en ai goûté un cru, comme on le ferait pour un Carpaccio de cêpes. Horreur, ils avaient un goût amer insupportable ! Toute notre belle récolte partit donc à la poubelle, sous les sourires goguenards des gens qui nous dirent que l'on avait à faire à des "bolets amers" ou "bolets des Pins". A cette occasion, nous avions trouvé une maison en très piteux état. Porte enfoncée, ouverte à tous vents, elle semblait un abris pour les skieurs de fond qui suivaient la piste indiquée par des panneaux cloués aux arbres à côté. Des détritus partout et un plancher défoncé qui rendait la circulation malaisée.
C'est à cette occasion que j'avais trouvé et ramené cette plaque tombale que j'ai évoquée dans un ancien billet. La maison de Pétaloup a longtemps été dans l'indivision entre les héritiers de mon arrière grand-père Jean-Pierre, que l'on appelait parait-il "L'Ours de Pétaloup". A la vue de la photo ci-contre, on comprend un peu ce surnom. Il faut dire que son épouse Françoise Croze était morte à l'âge de 28 ans et qu'il lui avait survécu seul dans cette maison jusqu'à 68 ans.
Mon grand-père Gabriel qui habitait rue Arago à St Etienne était celui des héritiers qui s'occupait de cette maison, avec mon oncle Pierre qui vivait à côté. Ma grand-tante Marguerite était elle à Lyon, tandis que l'autre frère, Charles-Joseph, mort au début de la guerre en 1914 n'avait qu'un fils, Jean, qui avait été élevé par sa tante Marguerite, et qui vivait à Paris. C'est donc mon oncle Pierre, auquel ses frères avaient laissé leur part, qui entretenait et occupait habituellement Pétaloup. Ma cousine Annie y était très attachée. Notre cousin Jean ayant les 2/3 de l'héritage - sa tante Marguerite lui ayant laissé sa part à sa mort -, mon oncle Pierre ne put payer le rachat des parts et, la mort dans l'âme, il lui vendit la sienne. Sans occupant pour l'entretenir, la maison de Pétaloup commença à se dégrader pour aboutir à la presque ruine que nous venions de visiter.
En définitive, la maison fut vendue (l'aurais-je su que j'aurais volontiers proposé de l'acquérir...) à un couple dont le mari, maçon de son état, la retapa de fort belle manière. Puis elle fut encore revendue, encore améliorée. Ci-dessous un pêle-mêle des photos des occupants que j'avais prises dans un blog publié par ces derniers, mais maintenant disparu.

[1] Le Château de Bobigneux, 42220 Saint Sauveur en Rue 04 77 39 24 33

1 commentaire:

Michèle Courbon a dit…

Comment s'appelait déjà la jeune personne, infirmière de son état, que je vois sur cette photo. Je me souviens qu'il m'avait fallu la réconforter un samedi après votre rupture. Ne serait-ce pas Marie-Claude ? Michou